Cette troisième vague s’attache à explorer le rôle de la commune dans le quotidien des Français, leurs pratiques sociales locales, ainsi que leurs attentes et défis relatifs à la consommation de proximité.
Des Français ancrés dans des relations locales de confiance
À rebours de l’idée souvent avancée d’un repli généralisé sur soi, les résultats de notre sondage montrent que la vie locale reste un espace de relations, de reconnaissance mutuelle et de confiance pour une majorité de Français. La commune demeure un cadre relationnel structurant, dans lequel les liens de voisinage jouent encore un rôle central.
Près de six Français sur dix (59 %) déclarent connaître « un peu ou beaucoup de monde » dans leur commune, un chiffre qui atteste d’un niveau d’interconnaissance significatif à l’échelle locale.
En effet, si 71 % des Français disent avoir confiance en leurs voisins, un socle relationnel solide, ce constat masque des clivages sociaux et générationnels.
D’autant que cette confiance n’est pas qu’un sentiment abstrait : elle se matérialise dans des pratiques concrètes d’entraide et de coopération.
Ces résultats dessinent le portrait d’une société locale fonctionnelle, où la solidarité du quotidien existe bel et bien. L’essentiel est là : les Français ne vivent pas côte à côte dans l’indifférence, et la commune reste un espace d’altérité ordinaire, où l’on ne fait pas que se croiser mais où l’on s’entraide.
Cette capacité à « faire société » s’exprime également dans la perception de la mixité locale des populations.
Une ambiance conviviale, mais une animation jugée insuffisante en dépit d’une réelle envie de partage
Au-delà des relations interpersonnelles, la troisième vague de l’Observatoire met en lumière une appréciation globalement positive du climat social dans les communes.
A ce titre, 69 % des Français estiment que l’entente entre les habitants est bonne, contre seulement 12 % qui la jugent mauvaise. Là encore, les territoires ruraux se distinguent favorablement avec 78 % d’opinions positives, tandis que l’agglomération parisienne apparaît plus contrastée (60 %).
Cette bonne entente se traduit par une perception majoritairement conviviale de l’ambiance locale dans leur commune, reconnue par 65 % des Français.
Néanmoins, ce décalage ne doit pas être interprété comme un désengagement des habitants. Bien au contraire : 73 % des Français déclarent participer aux événements organisés dans leur commune, et un tiers (33 %) le font souvent. Ce niveau de participation montre que les habitants sont disponibles, volontaires et attachés aux temps collectifs, dès lors qu’ils existent.
Autrement dit, si l’animation locale est jugée insuffisante, ce n’est pas par manque d’intérêt ou de mobilisation des habitants, mais plutôt en raison d’une offre perçue comme limitée ou peu diversifiée. Cette tension est particulièrement visible lorsqu’il s’agit des sorties et des loisirs.
Moins d’un Français sur cinq (19 %) dit boire un verre ou aller au restaurant principalement dans sa commune. Près de la moitié (47 %) le fait surtout ailleurs, évoquant à la fois le coût et surtout le manque d’offre locale.
Ce sentiment se confirme dans les indicateurs de satisfaction : seuls 49 % se disent satisfaits de l’offre de sorties et de loisirs dans leur commune, tandis que 41 % se déclarent insatisfaits. L’insatisfaction ne signifie pas un rejet de la vie locale, mais plutôt une attente déçue. Les Français ne renoncent pas à leur commune : ils en attendent davantage.
Consommer local : une aspiration forte confrontée à une offre insuffisante
La question de la consommation locale cristallise particulièrement bien les tensions qui traversent la vie communale. Les intentions sont claires : 72 % des Français estiment qu’il est important de consommer dans leur commune, pour soutenir les commerces de proximité et pour des raisons pratiques, notamment le gain de temps.
L’exemple des habitants d’Anneville-Ambourville en Seine-Maritime qui ont sauvé leur boulangerie en apportant des meubles, effectuant des réparations et en récolant près de 10 000 € illustre combien ces lieux sont essentiels à la vie des communes et à la cohésion.
Les freins sont bien identifiés par les habitants eux-mêmes : manque de choix, prix plus élevés, et surtout concurrence frontale des grandes surfaces et des sites de vente en ligne.
Ces acteurs sont aujourd’hui profondément ancrés dans les habitudes de consommation, comme le montre clairement la période des fêtes : 51 % des Français feront leurs achats de Noël en grande surface, et 44 % sur des sites de vente en ligne.
L’attachement aux commerces de proximité, dont 72 % des Français ont une bonne image, ne suffit plus à contrebalancer la puissance économique, logistique et symbolique de ces « mastodontes ». La consommation locale apparaît ainsi comme un idéal partagé, mais difficile à concrétiser sans une offre plus attractive.
Cette troisième vague de l’Observatoire brosse ainsi le portrait d’une France locale ni repliée, ni désengagée. Les liens de voisinage existent, la confiance demeure majoritaire, l’ambiance est jugée conviviale et les habitants participent aux événements locaux. Les lieux communs n’ont donc pas disparu. En revanche, les attentes sont fortes en matière d’animation, de loisirs et d’offre de commerce.
La commune reste un espace d’attachement et de projection, mais elle doit relever le défi de l’attractivité pour pérenniser cet attachement.
Méthodologie
Enquête réalisée du 10 au 12 décembre 2025 auprès d'un échantillon de 1000 personnes représentatif de la population âgêe de 18 ans et plus, en ligne. Méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence et région).